Les boîtes de nuit, c'est pour moi un lieu incontournable, et ce depuis toujours. La musique, les femmes, l'alcool, l'ambiance, les pauses clopes, les coins sombres, les bastons, les tentatives de drague des autres, les tiennes...Tout est sujet à l'amusement en boîte, et c'est d'ailleurs pour ça que celle-ci est si fréquentée.
Sortir avec une femme, m'engager dans une relation stable, est-ce pour autant une raison pour se priver de ces petits plaisirs ? En aucun cas, du moins de mon point de vue. Puis de toute façon, il s'agit de faire les yeux doux un quart de seconde pour que tout s'arrange, non ? L'amour a des pouvoirs étranges sur les faibles êtres que nous sommes.

Mon côté préféré des boîtes, c'est quand même le coin du fond, celui qui n'est pas assez éclairé, que tout le monde oublie hormis ceux déjà morts et ceux en mode drague. Actuellement assis dans un siège des plus confortables, le regard porté sur la piste de danse, un verre dans une main, je promène mon regard sur l'assemblée. Je recherche quelqu'un susceptible de m'amuser. Une jeune passée en boîte en se vieillissant par exemple. Les jeunes sont si extraverties, si naïves au final, qu'elles sont une de mes cibles préférées. Mais étrangement, ce soir, rien. Le videur aurait-il finalement déniché la supercherie ? Un long soupire franchit la barrière de mes lèvres et je porte le verre à mes lèvres, la satisfaction faisant briller mes yeux au contact de la tequila.

J'ignore que faire. Suivre mes pulsions, mon instinct de séducteur, de joueur, et rejoindre les autres sur la piste, draguer, quitte à oublier, perdre, certaines choses qui me sont chères par la moindre petite erreur qui peut m'être fatale ? Rester sage, assis sur ce siège confortable, mon verre en main, et m'ennuyer finalement toute la soirée ? Le choix est vite fait. Je me lève afin de remplir le verre que je viens de vider, rejoignant le bar en quelques enjambées, ne me privant pas pour loucher sur le décolleté de quelques femmes croisés.
Posant le récipient vide contre le bar boisé, je porte un regard intéressé sur les alentours, les tabourets, lion en chasse. Un visage vaguement familier m'interpelle et, curieux, je m'approche de quelques pas, découvrant une magnifique femme aux cheveux flamboyants. Un nouveau sourire victorieux se dessine sur mes lèvres ; j'ai trouvé ma source d'amusement. Quitte à m'incruster - ce n'est pas mon problème après tout - , je m'assois sur le tabouret d'à côté, en profitant pour réclamer un autre verre.
▬ Ruka.
J'ai un doute sur son prénom, j'ai jamais pu le retenir.

(flemme de me relire et de corriger donc..pardon pour la qualité, je ferais mieux la prochaine fois C: enfin j'espère)

« C'est l'extase langoureuse, C'est la fatigue amoureuse, C'est tous les frissons des bois Parmi l'étreinte des brises » ► VERLAINE

J'arque un sourcil lorsqu'elle se met à rire, convulsivement, spasmodique, longuement. Un vrai fou rire qui, je le crains, est autant dû à ma remarque qu'à son verre vide posé sur le bois du bar. C'était pas Ruka ? Une moue presque déçue s'affiche quelques secondes, le temps que j'en ai conscience et que je la chasse. Peut-être Yuka alors ? Ruina ? Maintenant que j'y pense, il me semble que ça commence par un Y. Bon, j'y penserai plus tard, et au pire, elle me rectifiera au cours de la soirée. Tant pis pour elle si elle ne le fait pas, ce n'est pas le genre de détails qui me traumatise.
Ce qu'elle fait rapidement. Plus tôt que je ne l'aurais espéré enfaîte. Sans doute qu'elle, contrairement à moi, accorde de l'importance à ces détails. Yuna, Mais c’était bien tenté !. Yuna. ça me revient maintenant. Un bref sourire s'impose. Pas un d'excuse, non, ça me tuerai, mais plutôt un narquois. J'en ignore jusqu'à la raison, mais elle m'amuse, surtout qu'elle a l'air qu'à demi-consciente de ce qu'elle fait. Puis, la prochaine fois qu'on se croisera, elle sera toujours Ruka pour moi. Son prénom a beau être simple, court, il n'a jamais été gravé dans ma mémoire.

-Ce que tu peux être frimeeeeeuuur ! Mais bon, j’ten veux pas, t’étais complètement bourré c’jour là …

Hu? Son contact bref, ses doigts forçant sur mon épaule dans un geste familier que je n'autorise que rarement, je suis trop surpris pour protester. De quoi parle-t-elle ? Si elle parle de cette fois là...Je me rappelle plus trop bien, c'est quelques souvenirs par-ci par-là de notre nuit torride. Mais parle-t-elle vraiment de ça ? Je sais pas, je suis souvent saoul. Il est possible qu'on se soit recroisés entre temps.
▬ Huu ? Quel jour ? Quand ? J'ai fais quoi ?
je saisis d'une main le verre m'étant destiné afin de le porter à mes lèvres sans la lâcher des yeux, dans l'attente d'une réponse. Tant que questions attisée par sa remarque. Je tente de me remémorer de quelques choses, mais impossible. Hormis ma tête dans son cou, mes gestes maladroits et rendus fougueux mais flous par l'alcool, ou encore la manière dont j'ai écarté ses vêtements de ma vue, rien ne me vient. Un long soupire franchit la barrière de mes lèvres : je n'aime pas rester dans le flou d'une situation, et mon agacement se note, d'autant plus que ma patience déjà peu glorieuse en apparence est rendue quasi-inexistante par les verres descendus.
▬ Alors ? De quoi tu parles ?
Je grogne quelques mots et m'ébouriffe les cheveux en finissant d'une traite mon verre. Mon but à changé, je ne pense même plus à m'amuser, je veux juste savoir de quoi elle parle. Oui, ce n'est rien, mais ça m'obsède de ne pas savoir quelque chose à propos de moi. Si ça se trouve je sais très bien de quoi elle parle en plus; Pfeuh, on prendra le temps de réfléchir plus tard.

« C'est l'extase langoureuse, C'est la fatigue amoureuse, C'est tous les frissons des bois Parmi l'étreinte des brises » ► VERLAINE